Ça va, tu as pu faire le point sur ta situation professionnelle ? Tu es décidé ? Tu vas sauter le cap de l’auto-entreprenariat ? Mais c’est génial, bravo !

Dans cet article, je vais partager avec toi le cheminement que j’ai suivi pour me lancer.

Dans cet article, je vais surtout aborder les problèmes auxquels je me suis confrontée. Chaque situation est unique à chacun, mais comme toujours j’espère que mon humble parcours vous apportera quelque secours.

Bref, tu vas voir, y’a juste quelques trucs à savoir au niveau de la paperasse, mais c’est pas si méchant.

On y va !

Plan de carrière

On avait déjà commencé à aborder le sujet précédemment, mais là, t’es plus devant un conseiller d’orientation du CIO du coin en train d’essayer de lui expliquer que le métier d’illustrateur existe vraiment, mais face à toi-même et il va falloir faire l’état des lieux.

C’est vraiment une étape primordiale.

On va faire une analogie de geekette.

Quand tu joue à un jeu genre – au hasard – un RPG, et que tu dois aller battre un Boss, t’as deux cas de figure. Soit t’y vas à la walou, à poil, sans préparation, sans armure, sans potions, sans rien, et franchement, ça peut marcher … Mais la plupart du temps, tu vas quand même te prendre une sacrée retournée. En un sens, c’est quand même pas terrible comme expérience de jeu XD

Soit tu te prépares bien, et tu analyses l’environnement – c’est un donjon de feu alors je vais m’équiper d’équipement de glace – je vais faire des potions de régénération et de magie, entraîner mon personnage pour qu’il soie d’un niveau suffisant ect.

T’as compris, lancer ta micro-entreprise, ça va être pareil. On peut y aller sans trop savoir où on met les pieds, mais ça rendra la tâche plus difficile. Le mieux, c’est quand même d’avoir avec un minimum de préparation, parce que des aléas et du challenge, tu en auras, ça c’est sur.

mon style graphique ?

Cette question revient souvent, bizarrement. “Je n’ai pas de style, pas de marque de fabrique, je ne vais pas trouver de clients”.

Dans un premier temps, la notion de style n’est pas spécialement importante. De toute façon, le travail consistera, la plupart du temps, à répondre à la demande précise d‘un client, donc de s’ adapter. Si tu as un style, et que tu as déjà une clientèle qui te demande des projets en conséquence, tu es déjà sur ta voie, c’est une bonne chose.

Mais je souhaite rassurer tous ceux qui pensent qu’ils ne se sont pas trouvés artistiquement et qu’à cause de ça ils ne pourront pas se lancer.

D’une part, un style graphique évolue tout au long d’une carrière. Quelqu’un qui n’évolue pas et reste sur des acquis prend le risque de “passer de mode” et de ne plus savoir s’adapter. D’autre part, on a tous un style qui nous est propre. L’idée c’est quand même de le trouver un jour : le cheminement artistique, c’est enrichissant. Seulement, pour commencer c’est pas essentiel. Au contraire, se lancer, produire, trouver des clients et pouvoir travailler permet de gagner en confiance et d’instaurer une routine de travail qui est bénéfique à son épanouissement personnel et créatif. Donc ne t’en fais pas, commence par franchir les premières étapes, le style viendra tout seul. ( En tout cas, c’est ce que je me dis pour me rassurer car je ne pense pas avoir vraiment trouvé un style qui me convienne et me représente à l’heure actuelle, ce qui ne m’empêche pas de travailler 😀 ).

Bilan de Compétences

C’est important de faire le point sur tes capacités pour savoir ce que tu peux en faire, et surtout sur quels aspects tu vas pouvoir les améliorer dans la direction que tu veux prendre. Je pense qu’on peut faire ça en deux étapes :

  1. Lister l’état de tes compétences à l’heure actuelle. Par exemple :
  • ton niveau en illustration traditionnelle/médiums artistiques ;
  • tes compétences logicielles – suite Adobe, logiciels d’illustration numérique ou de production 3D …
  • ce que tu sais produire avec tout ça – les divers styles/types d’illustration que tu peux proposer, ça peut être aussi du graphisme, de l’interface, de l’animation … ect.

Il faut que tu soies honnête avec toi-même : c’est pas parce que tu auras passé un peu de temps sur Photoshop que ça veut dire que tu maîtrises parfaitement le logiciel. Preuve en est, j’ai encore appris de nouvelles choses récemment avec alors que je pratique depuis 15 ans 🙂 . Le but c’est vraiment de faire le point sur tes savoirs et de lister ce que tu saurais produire dans l’immédiat et vers où tu souhaites tendre dans l’avenir.

Bref, tu peux faire un tableau où une liste pour mettre à plat tout ça. Ça te permettra aussi d’avoir une vue globale de tes capacités, de ce qu’il faudra apprendre et surtout de ce que tu sais déjà faire ! Et je suis sûre que tu sais en faire, des choses merveilleuses !

  1. Avec cette liste de compétences, faire le parallèle entre ce que tu souhaites produire au niveau professionnel et avec quel genre d’entreprise tu souhaites travailler. Tu peux diviser en deux catégories, ce que tu peux faire maintenant et vers quoi tu aimerais aller plus tard.
  • Tes compétences acquises vont te servir à te lancer maintenant. “Je sais faire du graphisme, je vais chercher des clients qui ont besoin de plaquettes commerciales, d’habillages, de logos, de cartes de visite ect.”
  • Ton rêve/ce vers quoi tu tend, ça va te servir à te donner un cap. “ Je n’ai pas les compétences pour collaborer avec ce studio/cet éditeur/ce type de projet… pour l’instant, mais je vais travailler et améliorer ces compétences nécessaires pour y parvenir.”

De ce fait, tu as de quoi te lancer – et il n’y a rien de mieux que de se lancer pour progresser que de  se mettre à l’épreuve – tout en ayant un objectif personnel sur le long terme.

Aie confiance en tes capacités. Quand bien même tu sors d’école, tu as appris des choses que la plupart des gens ne sauraient produire. Ne te bloque pas en te disant que tel job ne serait pas pour toi – sans penser que tu seras lale meilleure, tout est question de modération. Le principal, c’est d’essayer et de se lancer.

 L’auto-formation

On apprend durant toute sa vie et dans tous les domaines. Mais en tant qu’indépendant, c’est réellement un facteur à prendre en compte. En tout cas, c’est ainsi que je procède, et même si c’est quelquefois éreintant. Pour l’instant ça m’a toujours réussi (et de toute façon, j’en ai besoin).

Ma vie de freelance s’articule ainsi : j’ai des contrats, que j’ai pu obtenir grâce à mes compétences actuelles, qui me permettent de vivre de mon travail, et desquels j’apprend toujours et m’améliore. Même si de prime abord certains projets ne m’emballent pas trop, au final j’en retire toujours quelque chose de constructif.

D’un autre côté, j’ai des projets, des clients avec lesquels je souhaiterai collaborer, des idéaux. Mais je sais que je n’ai pas les compétences à l’heure actuelle, où que ce serait au prix d’un effort si grand que je risque d’y laisser ma santé. Du coup, l’idée c’est de tâcher de se dégager du temps pour se former de manière autonome.

C’est aussi une part essentielle pour rester dans les tendances actuelles que de procéder à une veille régulière culturelle et logicielle. Bref, tout cela ne doit pas se faire au détriment de votre vie personnelle, et c’est sûr que dégager du temps en plus de son travail c’est pas une chose facile, mais il faut le faire. L’idéal, c’est de trouver ce type de contrat qui te permet d’apprendre en même temps que de produire pour ton entreprise, comme je le disais précédemment.

En un sens , il faut voir ça comme un grand escalier, et tout ce que tu peux emmagasiner et apprendre comme savoirs, que ce soit par les contrats pro où en vous auto-formant, te permettra de dégager la voie et de faciliter ton ascension vers ton rêve professionnel.

Se préparer pour l’aventure

Maintenant que tu a un peu débroussaillé tes pensées, il faut passer aux choses sérieuses : chercher du travail !

Le book

Je pense pas que j’aie vraiment besoin de te le dire, mais évidemment, il faut que tu te constitues un book afin de présenter ton travail à tes clients potentiels.

Pour l’anecdote, lorsque j’étais salariée,  y’a quand même un étudiant qui est venu à un entretien sans book, jurant qu’il savait dessiner… XD ! Autant préciser, donc.

Là encore, je vais m’adresser en particulier à ceux qui sortent d’école où qui se lancent sans avoir vraiment travaillé dans le milieu artistique auparavant ; le book suscite beaucoup de questionnements de la part des étudiants qui ne savent pas trop comment faire, à quoi il doit ressembler, comment ça s’organise, ect. Donc ça vaut sûrement le coup que j’en touche deux mots ici.

Lorsque j’ai cherché du travail après ma sortie d’école, le book en ligne n’était pas encore totalement démocratisé. Je dois avouer que c’était assez pénible de devoir se trimballer avec un espèce de porte document volumineux et de montrer, d’entretien en entretien, nos compétences et nos boulots, que les recruteurs n’avaient pas forcément vus auparavant. Du coup, la plupart du temps tu te déplaçais pour rien ^^.

Maintenant, avec internet on est affranchis de tout ça, et c’est plutôt cool. Le désavantage c’est que ça a déshumanisé les entretiens, j’y reviens après.

Donc, pour ma part, ce que je fais :

Mon book, c’est un site internet, où une galerie en ligne. À  l’heure actuelle, y’a tout un tas d’outils en ligne qui te permettent de faire ton book de manière simple et efficace. Je te conseille en particulier Artstation et Ultra-book qui ont l’avantage d’être simples, lisibles, efficaces et surtout d’être en même temps une plateforme pour l’emploi et un réseau social, et c’est pas mal pour se faire connaître. Les deux génèrent également une page en ligne qui fait très pro et que tu peux paramétrer comme tu veux.

Pour les plus aventureux, vous pouvez faire comme moi : j’ai acheté un simple hébergement chez OVH, où WordPress est pré-installé, et faire le site comme tu veux. Il y a énormément de choix dans les templates et les skins, et c’est pas difficile à comprendre, il faut juste s’y mettre. Sachant que c’est un choix plus complexe et qui sera payant, un book sur une plateforme en ligne reste gratuite, et c’est vraiment suffisant pour démarcher.

En revanche, je déconseille fortement Deviantart ( c’est mort et moche ) et Wix ( c’est un peu mieux qu’avant mais c‘est quand même très amateur, les chargements sont lents et ça risque de décourager un éventuel client ), et puis l’adress.wix, IRK.

Ton book doit à la fois te ressembler, ET rester simple.  C’est ta production que tu dois mettre en avant, pas le site en lui-même. À mon sens, c’est vraiment inutile de chercher à faire un site avec des boutons lumineux, des paillettes, une mise en page avec plein de slides, une navigation customisée ect. So 2000.  Au final, ça va te desservir. Si tu n’es pas designer d’interface et que tu ne sais pas trop comment présenter ton travail, il vaut mieux rester sobre : un fond uni ( blanc, noir, gris, beige, pastels… ), une navigation très simple ( A propos, mon travail, contact ), et roule ma poule.

♦  Qu’est- ce que je mets comme travaux ? LA question. Toujours pour ceux qui sortent des études : travaille dans le but d’éliminer, petit à petit, tes travaux d’école les plus “scolaires”. Généralement, c’est très loin de ce que recherchent les clients.

Le book doit dirigé vers ce que tu souhaite faire. Exemple : avec au moins pour moitié des illustrations jeunesse si tu veux travailler dans l’illustration jeunesse, #logique.

En parlant de clients : être illustrateur freelance, c’est aussi avoir des dons médiumniques. Oui oui tu as bien lu. Les clients veulent voir dans un book les illustrations qu’ils imaginent déjà pour leurs projets. Projets secrets, évidemment. C’est triste à dire, mais beaucoup d’entre eux ne savent pas se projeter sur des illustrations et faire le lien entre des capacités et une production future. Conclusion : il faut à la fois rester connecté à l’idéosphère, produire des illustrations dans l’air du temps et y glisser en même temps tes envies. Pas facile, mais nécessaire. Devancer leurs désirs, c’est la clef.

De fait, il faut que ton book soit facilement mis à jour pour rester … à jour justement. Personnellement, mon book est ce qu’il est ( si tu n’as été curieux jusqu’à présent il est disponible dans le menu 😉 ), mais j’oeuvre dans le but de le faire évoluer vers quoi je tends, en éliminant, petit à petit, les éléments qui sont devenus obsolètes, comme de vieux projets, des illustrations qui ne me ressemblent plus, ou qui n’intéresseront aucun client.

Ce que je mets dans mon book : deux tiers de réalisations diverses couvrant mes projets principaux et mes savoirs-faire, et un tier de personnel.

Mais évidemment, chacun sa tambouille 😉

Dernière chose : il te faudra un book en ligne et une version en PDF. Quand tu réponds à un appel d’offre, où que tu prospectes, beaucoup de clients préfèrent recevoir dans leurs mails un book qui contient toutes les informations nécessaires, à savoir ton boulot, tes références, tes coordonnées, plutôt que d’aller en ligne. La raison est simple : un client peut recevoir beaucoup de mails dans la journée, et s’il s’amuse à aller voir à chaque fois sur navigateur, ça le gonfle.

Pour  résumer : ton book en ligne, c’est ta vitrine quand un client cherche par lui-même, et ton book PDF, c’est lorsque toi tu prospectes.

Mon CV,  mes diplômes, tout ça ?

C’est simple : tu es une entreprise. Tes diplômes, si tu en as, on s’en fiche un peu. Un client, il cherche un savoir-faire et une production, donc ce qui va l’intéresser c’est ce qui se trouve dans ton book.

Les diplômes, à la rigueur, ça peut rassurer un client sur tes capacités d’implication ( vu que tu auras été jusqu’au bout de tes études ), mais c’est pas du tout essentiel. En tout cas, personnellement, mes diplômes ne figurent pas dans mon book PDF. En revanche, il y a une bibliographie et une ludographie, plus intéressantes pour le client, qui peut aller jeter un coup d’oeil à tout ce que j’ai pu produire et qui est également rassuré par ces divers projets(1).

Prospecter

Let’s go !

Voilà, tu as un site. Maintenant, le plus  ̶c̶h̶i̶a̶n̶t̶  gros du travail commence.

Si tu n’as pas zappé l’étape du bilan de compétences, c’est là où ça va te servir. Armé-e ton book il va falloir lister les entreprises avec lesquelles tu penses/souhaites collaborer. Cherches en ligne, et sur des sites spécialisés pour l’emploi, auprès des maisons d’édition, des studios de création, des appels d’offre, des entreprises de ta région qui auraient besoin d’une charte graphique, ect. Un site super important si tu veux bosser dans le jeux vidéo et le multimédia, c’est l’AFJV, un incontournable.

Ton bilan va te permettre de chercher sur plusieurs fronts : les entreprises avec lesquelles tu souhaiterais travailler mais aussi celles auxquelles tu n’aurais pas pensé, quand bien même elles te font moins “envie” : si tu as les compétences, fonce.

Exemple : je veux faire du chara design, je vais postuler auprès de grands studios, mais il y a beaucoup de concurrence. En revanche, je sais faire du texturing et de la 3D, du coup, ça, se sont des compétences que les entreprises cherchent davantage. Donc je vais proposer mes compétences aussi, même si c’est ce que j’aime moins faire.

Il faut commencer avec ce qu’on peut trouver, rester curieux et ouvrir toutes les portes.

Je ne vais pas te mentir : 90% des clients potentiels, si ce n’est plus, ne prendront même pas la peine de te répondre. C’est l’étape où tu vas apprendre la résilience. Tu n’as pas de réponse ? Continue d’envoyer, de relancer ( dans la limite du raisonnable ), de demander des retours sur ton travail. Ce sera toujours des précieux conseils de gagnés pour t’améliorer.

Qu’est ce que j’envoie ?

Candidatures spontanées, appels d’offre, qu’importe, c’est un peu toujours la même chose.

Un mail simple et concis où tu présentes de manière succinte ton travail, pourquoi cette entreprise t’intéresse, les services que tu proposes et pourquoi c’est gagnant pour cette entreprise de bosser avec toi. Mets toi en valeur, parles de tes qualités, de ce que tu peux apporter en termes de savoir-faire.

Fais gaffe aux fautes d’orthographe, ainsi qu’aux formules de politesse. Reste professionnel. Il n’y a rien de pire qu’un collaborateur qui semble suppliant : “S’il vous plait j’adore votre entreprise j’aimerais tellement collaborer avec vous prenez-moi” en fanmode ça donnera pas du tout envie. Encore une fois, cela semble évident, et pourtant, on a tellement dans l’idée de bien se vendre qu’on ne se rend même pas compte qu’on est en train d’agir à l’inverse de ce qu’il faudrait faire.

Tâche de personnaliser tes mails en fonction de l’entreprise. Les copier-coller de courrier ça se voit, et le client n’a pas l’impression que tu fais des efforts pour le séduire et ne se sent pas valorisé.

En fin de mail, n’oublie pas tes coordonnées. Pour ma part, j’ai personnalisé ma signature dans Gmail avec mon logo, où me joindre, et mon site.

N’oublie pas, en pièce-jointe, ton book pdf. L’astuce, c’est que je n’écris pas l’adresse de mon destinataire avant d’avoir vérifié que tout y est, parce que franchement, recevoir un mail vide ou sans pièce-jointe ça donnera pas une première image très sympa.

Faire son réseau

Se créer un réseau est important. Devenir illustrateur freelance, c’est aussi savoir jouer le commercial, se renseigner, tisser des liens avec des professionnels de ton secteur.

Les réseaux sociaux peuvent te permettre de dialoguer et d’échanger avec nombre de personnes qui pourront t’éclairer, t’apporter du soutien. N’hésites pas à contacter des professionnels (l’incontournable Facebook, mais aussi Linkedin, Insta, des forums d’artistes, ect).

Personnellement, c’est parce que j’ai tissé des amitiés sincères et fortes avec des collègues et des amis que j’ai pu, plus tard, obtenir certains contrats, ou simplement en proposer aussi dans le cas où je n’étais pas en mesure de pouvoir y répondre(2).

Je suis peut-être un brin idéaliste, mais je pense qu’il y a une place quelque part pour chaque personne. Ainsi, n’hésite pas à rencontrer également des débutants ou des personnes qui se lancent en freelance, comme toi, pour parler de vos problèmes et vous entre-aider.

Rester seul dans son coin en pensant que chaque concurrent est un ennemi est une grave erreur. En matière d’art et de graphisme, les rendus sont tellement vastes que pour ton pote, qui cherche comme toi, tu auras peut être un contrat que tu n’auras pas décroché, à lui proposer ? Et il te rendra la pareille une prochaine fois. C’est comme ça que ça marche 😉 Et en plus, tu aura gagné un compagnon de galère et une émulation artistique !

Donc, le web c’est vraiment un outil génial qui permet de prospecter auprès de moultes entreprises du secteur désiré et se faire des contacts sans avoir à sortir de chez soi. Le problème, c’est qu’il y a moins d’humain dans l’équation. Et mois d’humain, ça veut dire des milliers de personnes sans visage qui postulent pour le même appel d’offre, des clients avec des boites mails saturées, des centaines de books passés rapidement en revue, et c’est difficile de pouvoir se démarquer.

C’est pour ça, que , des fois, il ne faut pas hésiter à enfiler ton manteau, ton bonnet ( c’est de saison ) et te rendre sur divers salons où des networkings et after-works d’entreprise. Présente ton travail, montres que tu existes. Muni d’une tablette, d’un book papier, des cartes de visite, ose aller vers les gens et te confronter à leurs avis.

D’une part c’est très formateur, car tu auras une confrontation directe, et d’autre part, humaniser une relation, c’est peut-être te démarquer pour un futur taf.

Entre deux CV identiques, si le client à déjà vu ta bouille sympathique auparavant, il n’y aura pas photo. Et quelquefois, présenter son travail en discutant en face à face permet au client de mieux comprendre et de détailler tes réalisations, donc, de te proposer un travail.

C’est difficile comme exercice, mais tu as tout à y gagner.

Bon, évidement, règles d’usage : politesse, n’insiste surtout pas si les gens sont occupés, n’interromps pas des conversations ( sans déconner, combien j’en ai vu qui font ça, c’est horrible je déteste ! ), soigne ton parler, et ta tenue aussi ( le/la gamer/se chevelu – l’artiste engagé à dread ça va deux secondes … ).

C’est long d’attendre …

Prospecter demande du temps. Trouver un premier contact/client peut s’avérer difficile à vivre. Pourtant, c’est également une période précieuse : tu n’as pas encore de clients, ce qui veut dire, qu’en théorie, et même si as encore une activité alimentaire ou des études à côté, c’est un temps que tu peux/ dois mettre à profit pour expérimenter, tester des choses ; je t’assure que lorsque le train est lancé, c’est bien plus difficile de pouvoir se lâcher sur ces propres projets ou de level up 😉

Donc, n’attends pas, et continue de travailler avec assiduité du temps que tu n’as pas de réponse positive.

Rien ne vient …

Je ne serai pas de très bon conseil ici, ce sera juste une parenthèse. Voir des amis talentueux ne pas trouver de travail, ça me touche profondément. Je ne sais pas combien de temps il faut attendre que ça arrive, seulement qu’il faut persévérer et continuer de travailler.

Certains de mes collègues ont attendu des années avec des jobs merdiques avant de trouver leur voie et un super premier contrat de folie, quand d’autres ont patienté en vain. Le monde professionnel est cruel, et celui-ci ne fait pas exception, au contraire.

J’imagine que la durée de prospection pour du travail en freelance dépend de ta résilience, de tes compétences, de tes moyens financiers, de ta vie familiale ect. Si aucune proposition positive n’arrive, au bout d’un certain temps, je pense qu’il faut se faire une raison et trouver/continuer son job alimentaire à côté, tout en tachant de relancer, de temps en temps … Ou abandonner, quitte à retenter plus tard avec plus de maturité ?

Ce que je veux surtout dire, c’est : ne gâche pas ta vie à attendre si rien ne vient et évolue vers des sphères parallèles. Si tu es passionné d’Art, y’a plein de boulots qui te sont accessibles. D’ailleurs, beaucoup de mes amis illustrateurs donnent des cours d’Art, ou sont devenus Professeur des Écoles, guides de musées, ect. Au contraire, je pense que c’est super d’avoir autant de cordes à son arc et de pouvoir produire tout en ayant une certaine indépendance financière ( autre que des clients aléatoires ) et de garder ses envies de création pour soi.

Ne perds pas espoir quoi qu’il advienne 🙂 !

Yes ! Mon premier contrat !

Enfin, félicitations ! Tu es tout contente et tu sautes partout, un sentiment mêlé de joie, d’excitation de de crainte. C’est normal. Fêtes ça, tu le mérites ! Et puis après, au boulot !

Dans un premier temps, il se peut que tu te sentes perdue. Ne réfléchis pas trop et lance-toi, c’est le plus difficile. Une fois lancé, ça roule. Fais toi un planning afin de respecter la deadline sans t’ essouffler, et tout se passera bien.

Ah ouais, mais la paperasse, mon statut, tout ça ?!

Je vois passer beaucoup de messages de demande d’aide pour savoir comment ça se passe pour le statut d’artiste-auteur, de freelance, avec l’Ursaff, la Sécu, ect. Bon…

Les premiers petits papiers

C’est curieux que je n’aie pas parlé de paperasse  jusqu’à présent, n’est-ce pas ? La raison est simple : tant que tu n’as pas de client, tu n’as pas besoin de te lancer dans les procédures administratives. Vouloir faire les choses dans les règles, c’est bien. Mettre la charrue avant les boeufs, c’est inutile. De toute façon, le statut d’artiste est le seul où tu doives d’abord travailler pour ensuite monter ta micro-entreprise. Les étapes précédentes sont déjà suffisamment compliquées pour en plus se prendre la tête avec des papiers dont tu n’aurais eu aucune utilité jusqu’à présent.

Donc, si tu as dégoté ton premier client , tu vas pouvoir effectuer les démarches nécessaires pour un statut en règle(3).

Première chose : pour tous mes devis et factures j’utilise Freelancer, qui est vraiment fait pour nous. Il permet la gestion de toute cette paperasse, en fonction de ton statut, et calcule lui-même les taxes et versements qu’il répercute sur les paiements.

  • Devis : ton client te demande un devis, normal. Tu peux utiliser un modèle que tu trouveras sur le net ou sur freelancer. Concernant ton numero de Siret(4) et tes identifiants ( Maison des Artistes, Agessa … ), tu inscriras “ en cours d’immatriculation”. Oui c’est tout :). La loi le permet et de toute façon tu paieras ton dû à l’Etat tôt ou tard 😉
  • Contrat de conception graphique : Les contrats permettent de te protéger, et de protéger également tes clients. Deux cas de figure. Ton client prépare les contrats – que tu négocieras au préalable s’il ne te conviennent pas en tant que tel. C’est le cas lorsque je travaille avec des maisons d’édition, ils ont l’habitude. Tu reçois les contrats, tu signes, et tu renvoies. Si ton client ne prépare pas de contrat, tu peux toi-même en rédiger un. Sont définis par ce contrat les coordonnées de ton client et les tiennes,  les deadlines, le système de rémunération, une définition du projet en  lui-même, les cessions de droit, bref tout ce qui peut être encadré et protéger votre collaboration. Tu trouveras un exemple ici 🙂

N’oublies pas que les contrats sont là pour te protéger ! Rémunération en plusieurs fois, ( au début et en fin de contrat par exemple ), retards de paiement, ect, penses à noter tout ça sur devis, contrats, factures,avant de te lancer sur le job pour ne pas te faire avoir ! Lorsqu’ on est un petit noob qui veut bien faire c’est le moment où on peut tomber sur de gros requins, il faut faire attention où on met les pieds 😉

Tu as un devis, un contrat ? C’est le moment de faire le job !

Là, je voulais parler d’organisation, de méthode, de stress, de planning, de deadlines, de relations clients, mais ça sera pour une prochaine fois. Et puis, c’est bien de se casser la figure, tu apprendras plus rapidement *rire démoniaque*.

Voilà ! Une fois que le boulot est fait, il faut faire une ..

  • Facture : maintenant c’est PAY DAY !

Toujours pareil : sers-toi d’un modèle ou de Freelancer si tu as besoin, et envoie cette facture à ton client avec ton RIB. Tu y noteras un délai de paiement ( je mets un mois ). Garde cette facture, elle est précieuse pour la suite.

MDA(5)

Au cas où tu n’aurais jamais entendu parler de la Maison des Artistes : la Maison des artistes est l’organisme français, agréé par l’État pour la gestion administrative de la branche des arts graphiques et plastiques du régime obligatoire de sécurité sociale des artistes auteurs ( Wikipedia ). Bref, la MDA, c’est ta carte vitale, et c’est vers eux que tu dois t’adresser en priorité pour ton statut. Tu as bien gardé ta facture ? Pour le restant des démarches, tout est expliqué ICI.

Pour résumer :

  • Tu vas t’inscrire à l’Ursaff en tant que micro-entreprise BNC ( bénéfices non commerciaux ) pour obtenir ton numéro de siret ;
  • Tu remplis la déclaration de début d’exercice que tu renvoies à la MDA avec ta première facture. En retour, ils vont t’envoyer ton numéro d’ordre MDA.

Les numéro de siret et MDA seront à inscrire sur tes factures. Mais si tu utilises Freelancer, tu auras juste à le remplir dans tes coordonnées et ils s’annoteront automatiquement à toutes tes factures et devis.

ENJOY ! Tu es officiellement un illustrateur freelance !

Pour la suite …

Cette première année de freelance, c’est vraiment une année charnière où tu vas passer ton temps à tester tes limites, à essayer plein de trucs, à stresser, à te décourager. Il faut tenir bon, même si la paperasse bien s’ajouter là dessus. Car OUI, c’est aussi ça être freelance : être comptable.

Précompte

Ta première année, tu ne vas pas payer immédiatement tes cotisations, contrairement aux autres secteurs professionnels. Enfin, si, mais pas directement : ce sont tes clients qui vont verser une partie de ta facture directement à la Maison des Artistes. C’est un provisionnement sur le montant des cotisations.

Tu n’as pas à gérer ça, et en plus, ça évite les mauvaises surprises à la fin de l’année 🙂

Beaucoup de clients ne veulent pas entendre parler de ce précompte ; mais c’est OBLIGATOIRE. Aux yeux de la loi, ils ont le devoir de le faire.

Comment ça se passe : sur ta facture, tu vas devoir déduire ce précompte MDA. Je ne sais plus ce que tu dois déduire exactement, car pour ma part, j’ai laissé faire Freelancer. Il suffit de cocher, dans tes coordonnées, que tu es en précompte, et le logiciel répercute lui-même les cotisations sur tes factures. Sinon, tu as Subdelirium qui le fait très bien aussi. C’est pour ça qu’il est très important d’ajouter ces cotisations en plus du montant de ton travail, et de penser que pour chaque taf tu vas payer des cotisations, autrement tu vas avoir des surprises et/ou travailler à perte.

Quand le client reçoit la facture, il doit remplir un certificat de précompte et te le renvoyer.

L’astuce, pour éviter les déconvenues, c’est que j’explique au client comme ça se passe. Ensuite, je lui fournis moi-même les feuilles de précompte remplies accompagnées de ma facture par courrier, où il n’aura plus qu’a signer, et me la renvoyer. C’est au client de faire parvenir cette somme de cotisations à la MDA.

A la fin de ton année de freelance, tu seras automatiquement dispensé de précompte, et ce sera à toi de payer tes cotisations. Donc, tu pourras facturer en montant brut 🙂

Déclarations et Impôts

A la fin de cette année d’activité, tu feras ta première déclarations de revenus, et à la MDA, et aux impôts :). Donc, garde bien toutes tes factures !

Suivant ce que tu auras touché, tu sauras si tu seras si tu es affilié ou assujeti, c’est à dire si le montant de tes cotisations te permet d’avoir droit à la sécurité sociale des auteurs, où si tu dois dépendre d’un autre système de sécurité sociale (une autre activité principale, parent, CMU … )

Allez, courage !

C’est tout pour le moment, et c’est déjà beaucoup !

Il y a déjà moultes sites qui te permettront de compléter ces informations, donc n’hésites à croiser les sources. D’ailleurs, si quelqu’un relève une ânerie dans ce que j’ai écrit où n’est simplement pas d’accord, dites-le moi 🙂

Je souhaite bon courage à toutes les personnes qui ont sollicité mon aide ces derniers temps, ainsi qu’aux petits nouveaux qui seront tombés sur cet article lors de leur recherches.

A tout bientôt avec d’autres articles sur la fabuleuse vie d’illustrateur∙trice freelance !


  1. Si les conseils sur le book sont valables pour n’importe quel illustrateur ou artiste qui cherche à se lancer, je parle ici du statut particulier du freelance. Il est évident que si tu postules pour un job, les diplômes et le CV c’est méga important hein !
  2. En parlant de faire du réseau : bien évidemment, je ne parle pas de jouer les requins ici. C’est pas joli de se servir des gens, et de toute façon ça finira par se voir. Je parle ici d’un échange authentique dans la mesure où le les relations, les amitiés, le web  le permettent.
  3. Je parle ici des procédures valables en France … Désolée pour les étrangers … Elise, si tu m’entends…
  4. Siret : numéro attribué à chaque établissement selon une codification INSEE qui permet d’identifier géographiquement les entreprises, et qui est obligatoire, évidemment.
  5. Il existe un autre organisme similaire à la MDA, l’Agessa, qui est dédié aux auteurs ( auteurs de livres, bd ect … ). Certains m’ont demandé si c’était pas mieux. A vrai dire, c’est vrai que c’est mieux géré que la MDA, mais en tant qu’illustrateur freelance, on ne peut pas bénéficier de ce régime là si on est pas auteur. Et de toute façon, ils sont en train de fusionner.