La Direction Artistique

Ah, la Direction Artistique ! Plus qu’un job, l’apogée d’une carrière, la reconnaissance ultime pour certains ! Mais tout d’abord qu’est ce qu’un D.A., ou A.D., c’est à dire Directeur Artistique / Art Director ?

“Le directeur artistique est le responsable de l’aspect visuel et artistique d’une publication ou d’un projet multimédia, d’une campagne de publicité, d’une production cinématographique ou audiovisuelle.” – Wikipedia.

Pour définir globalement ce poste, un Directeur Artistique travaille généralement dans une entreprise du secteur de la création. Cela peut être une boîte de communication, une agence de mode, un studio de jeu vidéo, une maison d’édition …

Bien qu’on puisse trouver ce genre de poste dans les secteurs les plus divers, toute entreprise qui a besoin d’une communication graphique quelle qu’elle soit peut avoir son Directeur Artistique ou faire appel à des prestataires en freelance.

Bien entendu, il s’agit d’un poste à responsabilité. Pour résumer, le choix de l’aspect visuel général d’un projet repose sur les frêles épaules du D.A. : rendus graphiques, rendement, respect des délais… Etcaetera !


Je voulais écrire un article sur le sujet depuis un petit moment déjà, pour trois raisons.

La première, c’est que je croise pas mal d’étudiants qui me posent des questions sur ma carrière. Globalement : “Quelles études avez-vous suivies ?”, “Comment travaillez-vous” ect¹.

Nombre d’entre eux s’imaginent que dans mon boulot, je décide tout de A à Z ; Que lorsqu’on a la chance d’exercer en tant qu’illustrateur, on dessine ce qu’on veut quand on veut².

L’illustration, c’est un travail, et comme dans tout travail, il y a une hiérarchie, des managers, des décideurs.

La seconde et principale raison, c’est, comme je l’ai dit plus haut, que diriger des personnes, en particulier des artistes – qui, de part leur choix de carrière, sont bien souvent hypersensibles³ – n’est pas chose aisée. Surtout si l’on est artiste soi-même, ce qui est souvent le cas.

Si cet article parle aux Directeurs Artistiques qui se posent des questions sur le point de vue de leurs subordonnés, s’ils cherchent à progresser ou à se remettre en question et que cet article leur donne quelques pistes de réflexions ou mieux, que nous puissions réfléchir autour du thème du management dans la création, je serai comblée.

J’en viens donc à la troisième raison, qui est d’ordre thérapeutique, afin de tourner définitivement la page d’une expérience malheureuse, mais qui m’aura beaucoup appris. On peut appeler ça une formation express.

En effet, depuis une dizaine d’années, on voit éclore, notamment en France, une multitude de start-up. Dans mon domaine, la sphère vidéoludique, il s’agit pour beaucoup de nouveaux studios qui se montent autour d’équipe issues elles-mêmes de grosses compagnies, où bien d’étudiants qui veulent se faire la main sur des projets.

En bref, des personnes qui souhaitent voler de leur propres ailes, en rupture avec le système actuel de hiérarchie verticale, où qui, encore, sentent leur créativité étriquée au sein de compagnies dont le but principal est de sortir des projets accessibles au plus grand nombre.

Personnellement, je pense que tous ces petits studios sont une excellente nouvelle pour la créativité, l’emploi, et le renouvellement du jeu vidéo et des Arts.

Nombre de ces studios sont montés autour d’équipes et d’artistes compétents, de jeunes “qui en veulent”. Quand le projet marche et que la boite est lancée, le succès est souvent fulgurant.

Du coup, ces créatifs se retrouvent propulsésà la direction de projets phares, avec la nécessité d’embaucher du personnel pour faire face à la demande et mener leur entreprise vers le chemin de la réussite.

Bien souvent, ces créatifs sont propulsés à la tête d’équipe de production sans avoir la moindre notion de gestion, d’administration et de direction.

J’espère éviter à d’autres personnes les catastrophes de management que j’ai pu vivre ou observer.

La quatrième raison, c’est que c’est toujours intéressant d’apprendre comment travaillent les artistes en entreprise et dans une hiérarchie 😉

Bref, il s’agit de mon expérience sur le terrain.

Il est fort probable que le sujet s’applique globalement au management dans n’importe quelle entreprise.

Cependant, je bosse dans l’illustration donc, en toute conséquence, je parle de ce que je connais.

Je pense que les “profils” qui vont suivre peuvent être appliqués à des dirigeants et managers sur d’autres secteurs.

Il faut garder en tête que ce sont des axes de réflexion, qu’on ne peut pas résumer une personne à tel ou tel profil, que nous évoluons au cours de notre carrière ( on peut donc changer, heureusement ! ), et qu’ici, je parle en termes de “grandes lignes” et d’expériences diverses.


Comment j’ai pu croiser autant de profils de Directeurs Artistiques ?

Bien que je n’aie jamais été officiellement Directrice Artistique moi-même, j’ai occupé un poste semblable durant 5 ans.

Dans le jargon, on appelle ce poste un Lead. ( Lead Programmer, Lead Game Designer … ect ), bref, une personne qui encadre et s’occupe de l’aspect visuel et de la cohérence globale des projets, qui gère les créatifs, les rendus graphiques, les plannings, la bonne réception des designs, l’avis de la clientèle, et réalise des compte rendus pour la hiérarchie.

Là, et également avec mes premiers boulots, j’ai été sous les ordres de D.A.s en entreprise.

Puis, je suis devenue illustratrice freelance. En tant que prestataire, j’ai côtoyé d’autres Directeurs Artistiques, tous différents, et tous avec leurs qualités et leurs défauts.

Le D.A., évidemment, c’est un poste clef en termes de création au sein d’une entreprise. Leur manière d’encadrer une équipe peut véritablement booster ou compromettre sérieusement un projet, pousser l’équipe à donner son meilleur ou carrément détruire une personne⁶.

Comme dit l’oncle, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Et accepter un poste de cadre dans une entreprise n’est pas seulement synonyme d’un salaire conséquent, bien au contraire.

Voici donc un petit tour des profils des Directeurs Artistiques que j’ai pu croiser.


Avant d’aller plus loin !

Cet article définit les Directeurs Artistiques que j’ai pu connaître selon certains profils.

J’en ai donc profité pour faire un test, un peu pour le fun, et aussi pour pousser la réflexion.

Si vous êtes concerné par le sujet – dirigeant, lead, équipe de production, graphiste, illustrateur, designer, vous pouvez, avant de continuer la lecture de cet article, faire le test pour savoir quel genre de D.A. vous semblez être, où vous seriez si vous l’étiez !

Continuer la lecture vous grillera probablement le test, donc vous êtes prévenus, si ça vous dit 🙂

Je ne sais pas si ce test est vraiment “fiable”, mais en tout cas je me suis bien amusée à le faire, j’espère qu’il vous plaira !

Je précise encore qu’il est adapté au domaines des Arts Graphiques, mais les situations peuvent certainement coller à d’autres postes, donc si vous n’êtes pas de la partie vous pouvez quand même le faire pour le fun, en adaptant les situations à votre cas personnel.


Et avant tout chose, n’oubliez pas que chaque situation est unique.

D’un milieu à un autre, une personne peut se révéler de son meilleur ou plus mauvais jour, que ce soient des cadres ou des subordonnés.

Donc, si ça se passe mal avec votre DA, posez vous la question du pourquoi également ; ne rejettez pas la faute sur les autres. Et inversement !


Le Fake

Le Fake – traduisons par le “faux” , l’imposteur, pour ceux qui sont nés avant 1980 – c’est une personne qui prétend avoir les compétences de Directeur Artistique sur son CV et qui pipote … beaucoup. Ça se voit gros comme un panda dans un aquarium.

Généralement il s’agit d’un étudiant juste sorti d’école et qui pense être crédible avec son en-tête “~ART DIRECTOR~” , sauf qu’il a juste deux, trois créations dans son book, surtout des travaux d’école, et pas d’expérience.

Comme me le faisait remarquer un ami avec qui je discutais embauche, “ c’est le genre de mec , il met niveau maîtrise à tous les logiciels et on ne voit rien qui correspond dans ses créations. Et puis le gars, il commence à peine sa carrière, comment il peut être aussi fort qu’il le dit ?”

Bien entendu, on peut sortir d’école et avoir un niveau excellent dans ce qu’on fait.

Mais être D.A., ça n’a rien à voir avec être expert dans un domaine, on parle surtout de maturité et de vision d’ensemble ici, et généralement ça vient avec l’expérience sur le terrain. C’est un feeling qu’il est difficile de comprendre en passant uniquement par la case école d’art ou école de commerce/management.

Le problème du Fake, c’est qu’il ne se rend pas compte qu’il perd beaucoup crédit pour une éventuelle – première – embauche. S’il a la chance d’être recruté, il aura tellement de lacunes à combler que son égo risque de prendre toute la place.

Et là ça devient assez difficile à désamorcer – surtout si c’est le fils de l’ami du patron, ce qui arrive assez souvent dans ce cas. N’ayant rien connu d’autre qu’un poste de dirigeant, il peut devenir inexistant et dilettante comme tyrannique.

Quand un miracle survient et qu’il a pipoté en connaissance de cause, il sait qu’il aura tout à apprendre – et de lui-même, et des autres.

Dans ce cas, il peut vraiment nous étonner et faire un très bon D.A.

Points forts : la fougue de la jeunesse, un cerveau tout neuf prêt à apprendre, capable de remise en question.

Points faibles : ego +++, Monsieur/Madame-je-sais-tout.

• Que faire si votre D.A. est un Fake ?

Essayez de bien vous entendre et de faire passer des messages quasi-subliminaux quand il est trop borderline. N’allez pas au conflit, car on le sait bien, les petits chefs sont les pires ( voir également, Despote ). Faites passer vos remarques en douceur, après tout, c’est comme un jeune Cerf qui ne sait pas se servir de ses bois, à défaut d’une autre métaphore 😉

Le Fake n’est généralement pas bien méchant,  juste pas au bon endroit à ce moment de sa vie. Des fois ça peut vraiment le faire !

Votre problème réside à gérer le fait qu’il sache tout sur tout, car oui, il a eu des cours de com’ et de management de projet vous comprenez.

Il se peut que vous ayez à digérer le fait que vos idées soient reléguées au second plan ou, pire, transformées en “SES” idées… Vous n’êtes qu’un exécutant, n’oubliez pas 😀

• Vous pensez être un Fake ?

Vous cherchez un poste : déjà, enlevez moi tout ce pipotage de votre CV, vous ne vous rendez vraiment pas service. Soyez honnête envers-vous même et vos capacités, car le recruteur verra que vous manquez d’expérience et vous réduisez vos chances. Profitez du temps que vous avez avant votre premier emploi pour vous former un maximum. Je ne vous dirai pas de ne pas postuler à des offres d’emploi de Directeur Artistique, on sait jamais, et puis c’est bien de voir grand !

Mais si vous le faites, c’est en connaissance de cause.

Vous êtes en poste : bon, ben maintenant que vous y êtes, hein 🙂

Mesurez votre chance d’avoir été sur une autoroute. Si vous êtes là c’est que vous devez avoir du talent. Si c’est par piston, vous allez devoir travailler trois fois plus pour prouver que vous méritez votre place. TRAVAILLER sur vous hein, pas faire votre petit chef.

Il est possible que vous ayez la responsabilité de personnes qui ont une longue carrière derrière eux. Mettez les dans votre poche, et apprenez de leur expérience. Ne laissez pas votre égo de jeune loup dresser un mur entre eux et vous.

Des bêtises vous en ferez, c’est sur. Reconnaissez-les et apprenez d’elles.

Montrez que vous savez ce que vous faites, mais reconnaissez vos erreurs, apprenez des autres et formez vous sur le terrain. Car au final, il n’y a pas mieux.


Le Solitaire

Le Directeur Artistique Solitaire est généralement quelqu’un de talentueux, qui sait tout faire et n’a besoin de personne. Il a été embauché dans l’entreprise pour ses qualités, mais la boite n’a eu besoin que d’un seul créatif pendant un moment ( c’est l’exemple type de la Sartup dont je parlais ci-dessus ).

Il hérite un peu “par défaut” du statut de D.A. – et c’est bien lui qui décide de la supervision des projets au niveau graphique – mais il n’a pas à gérer une équipe de créatifs. C’est un peu un Artisan de la débrouille dans le bon sens du terme.

Il pourrait être “Illustrateur” ou “ Graphiste”, mais quand on présente l’entreprise à des investisseurs, ça fait plus professionnel de l’introduire en tant que DA, et c’est vrai.

C’est aussi possible que vous ayez à faire à un Fake tout seul, du genre qu’on peut trouver dans une petite boite montée entre potes et qui a marché sans qu’il remette ses capacités en question ou qu’il progresse. Ou bien également un gars qui a fait le ménage autour de lui tellement il est con, donc il faut être prudent quand même.

Points forts : touche-à-tout, efficace.

Points faibles : Il devra certainement faire ses preuves en tant que manager, avec des difficultés à déléguer.

• Que faire si votre DA est un Solitaire ?

S’il arrive à partager les tâches, ça va être super sympa pour vous. Il en a probablement assez de ne pas pouvoir discuter gifs pourris, typos , Brushes et vidéos Youtube de gitans, ça peut-être le début d’une super collab’ !

Il se peut qu’il garde pour lui tous les trucs cools à faire, vous laissant, des choses pas forcément intéressantes pour vous… C’est une situation un peu compliquée à gérer, car il a eu son quotas de trucs relous à faire tout seul. Pour ça il faudra prendre votre mal en patience et parler de cette situation avec lui si ça dure trop longtemps. C’est possible qu’il reste enfermé dans ses tâches, donc il ne faut pas hésiter à aller vers lui et à se faire expliquer ce que vous ressentez par rapport au poste, pour éviter l’effet “bon, ben on bosse chacun dans son coin”. Si l’équipe grossit, il risque d’être dépassé rapidement, donc il faudra le soutenir et communiquer sur les problèmes rencontrés.

• Vous pensez être un Solitaire ?

Ça va, vous ne vous sentez pas trop seul 🙂 ? Sinon prenez un bon apéro avec tous vos amis créatifs, ça ira mieux !

Si on vous a confié la direction d’une équipe, ça vous gonfle peut-être de ne plus être tranquille et peinard sur vos trucs maintenant… C’est la rançon du succès. Mais souvenez-vous que quand on partage , on apprend deux fois plus. Déléguez, apprenez, et formez vous au management pour pas faire de boulettes.

Si vous vous rendez-compte que la Direction Artistique n’est pas faite pour vous, admettez-le simplement, et passez la main. Tout le monde n’est pas fait pour ça. N’acceptez pas un poste où vous savez que vous serez mal. Vous travaillerez mal, vous allez être mal dans votre vie, et vous allez communiquer toutes ces mauvaises choses à votre équipe, par extension, à l’entreprise, et ça va faire du gros dégât. Peut-être que votre truc, c’est simplement de créer, et c’est tout aussi bien.


Le Gentil

Le Directeur Artistique “Gentil” est vraiment gentil. Et ça, au quotidien, c’est vraiment idéal. Il sera là pour vous guider, épauler, chouchouter à coups de Kinders Bueno, le tout dans une ambiance de Barbe à Papa et d’amour.

Comme le monde n’est pas parfait – même si ce type de DA aimerait qu’il le soit – trop de gentillesse peuvent déclencher des problèmes inattendus :

 

  • Vous stagnez et ne progressez plus, puisqu’on vous dit que c’est parfait.
  • Les deadlines ne sont pas respectées, les choses ne sont pas dites, l’équipe est molle.
  • Tout est “Tellement Beauuuuu” que le D.A. se fait pigeonner par des profils de candidats médiocres qui savent jeter de la poudre aux yeux. Du coup, vous risquez d’être entouré de personnes plus ou moins compétentes.
  • Hiérarchie horizontale et manque de prises de décisions.

Le gentil ne veut pas blesser ses collègues, et malheureusement, il repousse l’échéance.

Il peut cacher un grand timide qui souhaite vraiment se faire apprécier de son équipe.

Il en oublie parfois cette équipe, ce ne sont pas ses amis, ce sont des collègues de travail avant tout. Cela n’empêche pas d’instaurer une super ambiance de travail, c’est quand même mieux pour tout le monde – mais à vouloir être trop sympa et éviter toute confrontation il court le risque de laisser le projet partir à la dérive. La confrontation et, parfois, un petit remontage de bretelles sont des maux nécessaires pour qu’une équipe reste saine.

Souvent, il “rattrape les boulettes” de ses subordonnés, il les couve, les couvre en cas de pépins. Quand il ouvre les yeux et se rend compte parfois qu’on a abusé de sa gentillesse, que les choses ne sont pas faites et qu’il n’est pas écouté, y’a un gros risque de déprime et/ou de pétage de câble.

Points forts : L’amour triomphe toujours ! Et c’est pas faux. Bienveillant et remonte moral.

Points faibles : trop bon, trop con. Il est moteur, mais pas forcément dans le bon sens suivant les personnes.

Comment se comporter avec un gentil D.A. ?

Déjà , par les temps qui courent, il faut que vous preniez conscience qu’une personne bienveillante et désintéressée, c’est rare ! Profitez en pour prendre exemple sur cette belle qualité.

Du reste, ne vous endormez pas sur vos lauriers, restez curieux, poussez votre D.A. à vous parler des qualités et des défauts de votre travail.

Et puis surtout, n’abusez pas de sa gentillesse – j’en ai vu qui profitaient d’une bonne âme pour arriver tous les jours en retard par exemple. C’est vraiment pas cool ni pour votre boss ni pour l’équipe, m’voyez ?

• Vous pensez être un gentil D.A. ?

En premier lieu, vraiment : restez-le !

C’est dans votre nature, et on ne vous changera pas. C’est une qualité trop rare de nos jours.

Il faut seulement que vous preniez conscience que tout le monde n’est pas comme vous, loin de là, et nombreux seront ceux qui chercheront à abuser de votre bonne âme.

Buisness is buisness : vos collaborateurs ne sont pas vos amis.

Apprenez à détecter ces personnes qui profitent de vous, n’ayez pas peur d’aller à la confrontation, affirmez-vous ; il faut absolument que vous appreniez à vous blinder et à vous protéger afin que vous puissiez investir sereinement toute votre fonction de direction.

Vous en êtes capable, et bien plus vaillant que vous ne le pensez !


Le Perfectionniste

Le perfectionniste est une bête de travail. Toujours sur le pied de guerre, jamais de répit. Il est souvent très spécialisé dans ce qu’il produit, il possède une résilience hors du commun et il ne sait pas s’arrêter.

 

De ce fait il peut être lunatique, mais clairement, ce n’est pas de sa faute, c’est sa nature.

 

Il réfléchit trop et est rarement satisfait de son travail. Du coup, il peut perdre beaucoup de temps sur une tâche précise, refuser de déléguer, refaire après vous quand ce que vous faites n’est pas “assez bon” pour lui.

Il peut être perçu par l’équipe comme quelqu’un de pas très sympa, mais il sera certainement le premier à en souffrir, car plus dur avec lui même qu’avec les autres.

Sa phrase type : “Rhaaaaa, oui, non. C’est bon laisse, je vais le faire.”

Points forts :

  • Avec un pro comme lui, vous ne pouvez qu’apprendre et progresser.
  • Quand il parvient à gérer son perfectionnisme, il est vraiment moteur pour l’équipe.

Points faibles :

Renfermé dans son travail, vision des détails et pas de la globalité, souvent ronchon car épuisé ou mécontent du travail.

• Comment se comporter avec un D.A. perfectionniste ?

Rassurez le en lui montrant , petit à petit, que vous pouvez prendre des bouts de projets et les mener à bien.

Il ne faut pas prendre personnellement les remarques qu’il va vous faire, et rester zen quoi qu’il se passe. Une fois la tempête passée ça ira mieux. Il viendra même s’excuser 🙂

Avec un perfectionniste, vous allez progresser de ouf, c’est sûr. Il faut juste faire gaffe à ce qu’il ne vous broie pas à coups de détaillite aigue et apprendre à avoir du recul sur ce qu’il vous dit – faire la part des choses, quoi. Gardez en tête que ces remarques sont souvent précises et vous aideront à sortir le meilleur de vous même.

• Vous pensez être un perfectionniste ?

  • Apprenez à déléguer. Une chose qui n’est pas viable pour vous peut l’être pour 98% des personnes que vous ciblez.
  • Acceptez que votre vision n’est pas l’unique solution.
  • Faites du sport ou d’autres trucs pour vous sortir les idées du jour de la tête, comme par exemple , “Je suis une merde” et “Putain faut que je fasse tout moi-même ici” 
  • Concernant votre haut niveau d’exigence, baissez-le un tout petit peu mais gardez-le au chaud, car c’est une qualité qui vous permet de toujours vous remettre en question, et donc, de progresser !

L’invisible

L’invisible c’est le gars/la meuf qui a eu la chounasse de sa vie et à accédé au poste par un incroyable raccourci – piston, promotion canapé, époux/se du boss, au bon endroit au bon moment,ect.

Il a fait de vagues études dans le domaine, ou encore mieux, se pense tout à fait à la bonne place car tout le monde lui a dit qu’il avait du talent, donc de toute façon sa légitimité ne saurait être remise en question.

Très proche du Fake, la grosse différence c’est qu’il ne ramène pas sa science. C’est une sorte de parasite qui profite des avantages de son statut – poste de prestige, mise en avant dans les conventions, salaire ★★★  ( combien de fois j’ai choppé ce DA à matter des sacs Longchamp à  2000 boules alors que je devais mendier mes 300€ de rémunération stage …).

À part ça, il est pas la, même quand il est la.

S’il doit justifier ses “compétences”, c’est à grand coup de bluff. Par exemple en vous exposant qu’il “ne voyait pas le projet comme ça”, avec de longs silences pour vous faire douter vous-même sur de vos propres skills, et vous devrez refaire, sans direction, ni explications.

• Vous pensez être un D.A. Invisible ?

Bah, depuis le temps que vous êtes dans la stratosphère, je vois pas le moyen de vous faire redescendre. Mais ne vous étonnez pas non plus qu’on ne vous apprécie pas ni pour vos compétences, ni pour votre attitude.

• Votre D.A. est invisible ?

C’est le moment de vous s’auto-former – puisque jamais là, pas du tout pédagogue, et sans skills à vous transmettre – et de partir. Pas d’évolution, aucune synergie, aucun guide, et tout votre travail sera considéré comme le sien. Quand le moment sera venu, envolez vous, sinon vous resterez à l’état de larve, malheureusement.


Le Vendu

Ah, un de mes préférés ! #ironie

Lui, à la base, tout à l’air parfait. Il est doué, il a une bonne place dans l’entreprise, et malgré la hiérarchie qui vous sépare, il est votre “pote” , vous mangez avec lui chaque midi, vous sortez en soirée ensemble.

S’il vous fait des remarques sur votre travail, c’est toujours avec gentillesse ou taquinerie. Il est un peu comme un mentor, et franchement, vous n’auriez pas pu rêver mieux comme D.A.

Ouiiii mais voilà, non. Un beau jour vous vous réveillez de ce doux songe pastel et vous vous apercevez que la personne que vous avez en face de vous, c’est un masque de Bisounours et derrière se trouve quelqu’un que vous ne connaissez pas.

Cette personne, depuis le départ, elle rapporte dûment vos faits et gestes aux supérieurs. Quand il s’agit de votre travail, elle choisit sciemment de parler seulement de vos défauts/fautes et d’occulter vos réussites. Quant à votre vie dissolue qui ne vous permet pas d’arriver à l’heure le lendemain, c’est du caviar. Bien sûr, même si votre D.A. était avec vous la veille et vous a déclaré qu’il ne serait pas frais – mais lui, à 8h il était à son poste, et souriant, avec toute la présentation faite à votre place pour se faire mousser .

Il est aussi du genre à vous demander de faire un croquis là, vite fait, pour la réunion de cette après-midi – chose que vous faites de bon coeur, vous avez enfin une chance de montrer vos idées ! Lui, il arrivera avec un truc énorme qu’il aura passé le week-end à réaliser. Histoire que vous vous sentiez bien merdique en face de la direction.

Bref. Vous pensiez avoir à faire à un gentil, mais cette personne a ruiné dès le départ, et en toute connaissance de cause, toute possibilité d’évolution dans l’entreprise et vous a fait passer pour une bonne grosse merde fainéante et insipide, pour éliminer toute forme de “concurrence”, avoir le champ libre sur toute la création et un BON salaire.

• Que faire si votre DA est un vendu ?

Première chose : Ne donnez JAMAIS entière confiance à quiconque dans le monde du travail. JA-MAIS.

Vous ne pouvez pas vraiment savoir à qui vous avez à faire avant qu’on vous l’air mise à l’envers, et il sera trop tard.

Le mal est fait ? A moins que le rôle de trouffion + salaire de misère vous convienne, admettez que vous avez perdu et fuyez. Vous gagnerez des années de thérapie ( cf. Despote ).

Y’a rien à faire.

• Vous pensez être un Vendu ?

Ah, vous êtes fier de vous ? Sachez que vous avez misé sur du bénéfice à court terme.

Quand vous vous rendrez compte que vous êtes grillé de partout, que vous n’échangez plus rien avec personne, que votre travail s’en ressent et se tarit, que vos seuls amis sont vos boss ( putain la misère humaine quand même … ) et que vous êtes tout seul avec votre hypocrisie comme unique compagne, peut être que vous reviendrez sur vos méthodes. Mais c’est possible qu’il soie trop tard et que vous vous soyez définitivement out. Et puis ce goût sur votre langue, ça doit pas être très agréable 😉


Le Despote

Il ne vous dit ni bonjour, ni au revoir. Vous n’existez pas. Personne n’existe à part son ego et les personnes qu’il estime plus “fortes” que lui ( et auxquelles il fera des courbettes ).

Si encore ce n’était que ça.

Quoi que vous fassiez, c’est toujours de la merde. Si vous avez réalisé quelque chose de bien pour votre entreprise, c’est “normal”. Et c’est vrai que ça l’est, mais n’attendez pas de lui qu’il vous félicite et vous en remercie.

D’ailleurs, si vos idées sont vraiment bonnes, il vous dira bien que “c’est nul” et quelques jours plus tard, vos idées seront les siennes.

Une à plusieurs fois par jour il pètera des câbles et alors là :

  • S’il a passé une mauvaise nuit, qu’un truc est mal fait, qu’une personne a osé parler dans l’open Space ( tout est valable )… c’est la première personne à sa portée qui prend.
  • Si vous êtes à l’origine de sa crise , et vous serez crucifié en bonne et due forme sur la place publique ( ordinateur dans la gueule, jet de téléphone, défonçage devant toute l’équipe … )

Bien entendu, son sens de l’humour douteux lui fait toujours faire de bonnes grosses vannes bien lourdes, souvent misogynes/beaufs/grasses, toujours aux dépens des autres, avec un rire de phoque en rut.

Bref, ancien bouc émissaire, maintenant il est chef et il le fait BIEN savoir.

• Que faire si votre DA est un Despote ?

Fuyez pauvres fous. C’est pour votre santé mentale et/ physique que je vous le dis.

Rien ne remplace les années perdues aux prud’hommes et/ou à vous en remettre.

• Vous pensez être un Despote ?

Bah, tout est dit, vous avez un gros problème…

La seule solution est de travailler tout seul, comme ça vous ne blesserez personne.

Mais c’est le monde entier qui est contre vous de toute façon, alors bon.


Le Very Parfait

Le D.A. Parfait ne l’est pas. Et il le sait. Ça fait toute la différence.

Il a appris et apprend toujours de ses erreurs. Quand il se trompe de voie, s’en excuse et rectifie le tir.

Il  a une bonne expérience du métier et du terrain, et reste très curieux en ce qui concerne les courants artistiques, les nouveaux médiums et techniques de production.

Il est très créatif et à souvent LA bonne idée.

Si vous êtes coincé dans votre travail, il vous montrera la voie. Cependant il vous laissera vous démerder car il sait que c’est comme ça que vous allez apprendre. Et si vraiment vous bloquez, il trouvera autre chose à vous faire faire et vous y reviendrez plus tard , ensemble – c’est pas grave.

Toujours d’humeur égale, il garde ses états d’âme pour lui. S’il a des remarques à vous faire , il vous en fera part à vous, à l’écart.

Par ailleurs, il joue parfaitement le rôle tampon entre son équipe et la direction.

Il sait s’entourer de personnes motivées avides d’apprendre, et les équipes dirigées par de tels D.A.s sont motivantes et pleine d’entrain.

• Vous êtes un Very Parfait ?

Félicitations vous avez tout compris, il en faudrait plus des comme vous !

Vous avez une grande expérience du terrain, du talent, et de l’empathie.

Restez-comme vous êtes, gardez cette insatiable curiosité, et continuez d’apprendre.

On va développer ce que vous avez découvert par votre expérience un peu plus bas dans cet article 😉

• Votre DA est un Very Parfait ?

Profitez un maximum.  Cela ne durera certainement pas toute votre vie, j’espère pour vous que l’expérience sera la plus longue possible pour que vous emmagasiniez un max de good vibes et pour progresser toujours et plus 😉


Pour finir !

Le Directeur Artistique parfait, évidemment, ça n’existe pas.

On est tous humains, on fait tous des conneries.

Comme me le disais un de mes anciens boss : “ Y’a que ceux qui font rien qui font pas de bêtises”.

Que vous souhaitiez en faire votre métier, que vous soyez D.A., que vous occupiez ce poste par hasard, que vous travailliez au sein d’une équipe de créa : apprenez de vos expériences, apprenez de vos erreurs, poussez toujours votre Art, restez ouverts et passionnés.

Apprenez à vous mettre à la place des autres, apprenez la patience, l’humilité, devenez sages.

Oui, bien sur, c’est difficile. C’est normal, c’est un poste difficile, et je suis absolument persuadée qu’il faut un minimum de vécu pour l’occuper.

Pour aller un peu plus loin sur le sujet : selon Jeremy Dean, psychologue, un leader efficace possède six qualités essentielles.

♦ Décision : un bon leader sait trancher et prendre les décisions qui s’imposent. En cas d’erreur, il sait en assumer l’entière responsabilité.

♦ Compétence : un bon leader sait fournir les ressources nécessaires à son équipe. A la préhistoire, le chef était le meilleur chasseur dans le groupe. Aujourd’hui , être compétent signifie avoir le don d’influencer positivement les autres.

♦ Intégrité : un bon leader inspire la confiance et l’engagement. L’intégrité engendre le respect.

♦ Vision : un bon leader sait où il va. Il donne un but et la motivation nécessaire pour l’atteindre. Sans vision, les collaborateurs sont perdus.

♦ Modestie : les dirigeants les plus efficaces ne sont pas ceux qui se mettent en avant ; ils sont incroyablement modestes et humbles.

♦ Résilience : la plupart des dirigeants qui ont connu le succès on cette qualité : ils n’ont jamais abandonné. Ils sont parvenus à une cohésion globale de leur équipe vers un objectif commun.

Bien que ces qualités paraissent simples, elles font souvent défaut. De nombreuses enquêtes ont été menées pour demander aux employés ce qu’ils pensaient de leurs patrons. En moyenne, ceux-ci constatent que près de la moitié d’entre-eux sont considérés comme incompétents. Voilà de quoi vous remettre en question, juste un tout petit peu 😉


Vous l’aurez compris, cet article est basé sur des faits réels. Cependant, j’ai cherché à rendre ça un peu sympa 😉

Si je n’avais pas connu tous ces Directeurs Artistiques, certains avec un coeur immense, d’autres capables de semer le chaos, je n’en serai pas là aujourd’hui, et je tiens à les remercier. Oui, tous.

N’oubliez pas que toute expérience est bonne à prendre – seule précaution : ne laissez personne vous nuire de quelque manière que ce soit.

Si vous sentez qu’une boîte ne vous apportera aucune marge de progression, ne restez pas, envolez-vous.


N’hésitez pas à me donner vos avis, si la description du poste poste de D.A. est incomplète,  si vous pensez que je fais fausse route concernant ces profils, ou tout simplement si ça vous a fait marrer et que vous voulez en rajouter une couche avec vos propres expériences, quelque soit votre poste 😉

Et si un D.A. souhaite rédiger l’article miroir ( en parlant des équipes de production par exemple ) avec ses impressions sur le sujet, évidemment je l’invite à le faire, ça serait super intéressant !

L’important, c’est de toujours se remettre en question et de progresser quelque soit son statut, son poste ou son niveau.

Et n’oubliez pas pas cet adage,

Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d’un plus petit que soi.

Le Lion et le Rat, Jean de La Fontaine.


  1. Je reviendrai sur mon parcours alambiqué avec un article un de ces quatre, si ça peut en rassurer certains d’entre vous qui désirent travailler dans le domaine artistique 😉
  1. J’ai souvent entendu dans la bouche des étudiants : “Je souhaite devenir Character Designer et dessiner uniquement des personnages.”

Si c’est le métier que vous avez choisi, et que vous parvenez à occuper un poste de Character Designer, je serai sincèrement la première à être ravie pour vous 😉

Cependant, il est fort possible  que dans un premier temps, vous acceptiez le job que vous trouverez dans le domaine, et ça c’est déjà complexe.

Vous aurez certainement à exécuter des tâches auxquelles vous ne vous attendiez pas. Et certainement un Directeur Artistique vous donnera des instructions ;).

D’où cet article pour savoir à quoi vous attendre !

  1. L’hypersensibilité désigne une sensibilité plus haute que la moyenne, provisoirement ou durablement, pouvant être perçue comme exagérée ou extrême – Wikipédia.
  1. Précisions sur les profils.

L’un de ces profils n’était pas Directeur Artistique mais s’en octroyait le statut quand il s’agissait d’appliquer sa “propre vision artistique” des choses, et ce sans connaissances en design.

A contrario, j’ai aussi côtoyé des personnes dans formation qui étaient d’excellents D.A.s, de même que des gens sortant d’écoles réputées qui n’arrivaient pas à appliquer leurs concepts sur le terrain. Chaque situation est différente 😉 Pour finir, l’un de ces profils me correspond, donc je passe aussi à la casserole … Petit indice : je ne suis pas un Very Parfait, mais j’essaie !

  1. Je n’ai jamais été officiellement Directrice Artistique. Je n’étais pas assez mature c’est vrai. Cependant, je connais des personnes plus inexpérimentées que je ne l’étais qui ont occupé ce poste. Dans tous les cas,  j’en ai exercé toutes les fonctions. Je n’ai pas eu l’intitulé D.A. sur mon contrat parce que ça serait revenu à reconnaître que je réalisais les mêmes tâches que mes supérieurs et qu’il aurait fallu accepter que j’en avais les capacités, et me rémunérer à hauteur de l’emploi déclaré aux yeux de la loi. En somme : une guerre d’égo. Bref, une mauvaise expérience mais qui m’a beaucoup appris sinon je ne serais pas là pour en parler 😉
  1. Là aussi je sais de quoi je parle, puisque suite à une méga catastrophe en management, j’ai fait un magnifique Burn Out et une belle dépression. J’ai vu un nombre indécent de mes collègues prendre le même chemin, passer des années aux prud’hommes, des mois à s’en remettre. Heureusement, je m’en suis sortie. Là, encore, j’aimerais faire prendre conscience aux dirigeants et autres cadres qu’on n’occupe pas un tel poste pour le prestige, pour le goût du pouvoir, mais qu’il faut – je le pense – sincèrement aimer son prochain pour être un cadre juste, honnête et droit.
  1. How To Be a Great Leader (in under 300 words), Jeremy Dean, Psyblog.

 

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1 Comment

  1. Jessika Mackey

    You actually make it seem so easy with your presentation but I find this
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    would never understand. It seems too complex and very broad for
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